Débranche !
Quelle est la dernière fois que vous avez pris le temps de vous reposer vraiment ? Pas en vous arrêtant une heure, pas en sortant le chien ou en jouant avec les enfants une quinzaine de minutes, mais en consacrant chaque semaine une longue interruption dans la bousculade étourdissante du quotidien pour réfléchir à votre vie et à sa signification.
« Nous sommes nombreux à subir jour après jour un emploi du temps qui nous entraîne à un rythme épuisant et abrutissant, et à accepter des listes de tâches interminables qui nous poussent invariablement aux limites du supportable. »
Si vous êtes comme la plupart des gens, vous vous débattez constamment avec trop de choses à faire en trop peu de temps. C’est mon cas, je le sais. Désormais, pèse sur les gens cette sensation de nervosité et de stress chargée d’anxiété tandis qu’ils se précipitent vers l’activité suivante prévue dans leur agenda. C’est alors que toute publicité pour une méthode de relâchement du stress a de quoi séduire. Certains ont pris l’habitude de bannir Internet pendant le week-end, allant jusqu’à participer à des retraites durant lesquelles tous les smartphones et autres « écrans » sont déposés à l’entrée. La toute dernière technique de relaxation, une journée au spa ou un massage peuvent se révéler utiles pour surmonter l’impression tellement fréquente d’être prêt à tout pour prendre le temps de respirer.
Mais existe-t-il une réponse plus durable que le soulagement temporaire que procure le plaisir de se dorloter soi-même ou de faire une pause ?
Pour se sortir des réseaux générateurs de stress et d’anxiété, il faut d’abord évaluer à quel point nous y sommes connectés. Dans quelle mesure notre vie est-elle sous pression ? Voyons quelques données. Une enquête effectuée en 2012 par l’Association américaine de psychologie indique que 20 % des Américains vivent sous tension extrême (8, 9 ou 10 sur une échelle de 1 à 10). Les données révèlent également qu’aux États-Unis, 69 % des adultes dont le niveau de stress est élevé signalent que la situation s’est aggravée au cours des douze derniers mois. Quelles sont les principales sources de stress indiquées ? D’après le rapport d’enquête, elles comprennent « l’argent (69 %), le travail (65 %), l’économie (61 %), les responsabilités familiales (57 %), les relations (56 %), les problèmes de santé dans la famille (52 %) et les soucis de santé personnels (51 %) ».
Le fait d’être connecté à Internet 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, contribue certainement à l’excès de tension. Comme Vision l'a déjà rapporté, « en décembre 2011, Volkswagen répondait aux doléances du personnel en annonçant que la société arrêterait d’envoyer des courriels à plus de 1.100 employés en Allemagne une demi-heure après la fin de leur plage de travail et que la transmission des messages recommencerait trente minutes seulement avant la prochaine reprise ».
Comme l’indiquaient les rédacteurs du magazine universitaire américain Hedgehog Review (numéro de l’été 2011), « nous passons de plus en plus de temps devant des écrans, et de moins en moins de temps à communiquer face à face ou bien à rester seul sans moyens de communication électronique pour nous distraire d’un isolement potentiel ».
Bien sûr, le stress provoqué par les écrans n’affecte pas que les adultes. Les enfants regardent celui de la télévision plus que tout autre, mais presque huit heures par jour pour toutes les sortes d’écrans cumulées, c’est excessif, indubitablement. Pourtant, ce chiffre est rapporté dans une étude de 2010 effectuée par la George Kaiser Family Foundation (Tulsa, Oklahoma). Il est également très perturbant d’apprendre que près de la moitié de tous les très jeunes américains se sont servis d’un ordinateur ou d’un smartphone avant l’âge de deux ans, avec une augmentation de 14 % à 48 % entre 2011 et 2013.
Tout en absorbant les sollicitations qui viennent peser sur notre temps disponible et leurs répercussions stressantes, nous sommes aux prises avec la gestion du temps, la détermination de priorités, une existence saine et équilibrée. Parmi nos tentatives pour harmoniser vies familiale, professionnelle et personnelle, nous pourrions commercer par combiner sommeil correct, exercice physique, consommation de nourriture et de boissons saines, sans oublier de l’air pur. Mais c’est aussi une question de lacunes spirituelles. Que dire de ce vide au fond de notre être, là où manque la connaissance de choses plus importantes, là où nous ne dépassons pas notre moi ? On sait que les gens en grand danger se tournent vers Dieu, même les non-croyants.
Dieu nous dit-il quoi que ce soit sur le relâchement du stress, sur le repos et la revitalisation ?
Il s’avère que le Dieu de la création a déjà établi la référence en matière de repos. Dans le récit de la création consigné dans la Genèse, nous lisons : « Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu’il avait faite ; et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son œuvre qu’il avait créée en la faisant » (Genèse 2 : 2‑3).
« Le sabbat est le plus précieux des cadeaux que l’humanité ait reçus du trésor de Dieu. »
On pourrait penser que seuls les juifs doivent observer le sabbat, mais la description ci-dessus a été faite bien avant que les juifs deviennent un peuple. Et comme l’a dit la personne d’ascendance juive la plus connue, « le sabbat a été fait pour l’homme » (voir Marc 2 : 23‑27). Le passage de la Genèse nous indique que Dieu visait l’humanité quand il a donné l’exemple d’un repos hebdomadaire le septième jour. Dans ce livre des origines, on trouve de nombreuses vérités indispensables au bien-être humain. La nécessité d’un repos et d’une revivification appropriés n’est que l’une d’elles.
Le repos du sabbat est-il profitable sur un plan spirituel ?
Paul, l’apôtre des païens, dit que c’est dans la création que nous voyons la main de Dieu, la démonstration de son pouvoir créateur. C’est dans la création que nous percevons sa préoccupation à l’égard de ses créatures et, en particulier, des êtres humains. Jésus parle de l’amour de Dieu qui procure la nourriture et la protection aux oiseaux du ciel, à l’herbe et aux lis des champs. À quel point se soucie-t-il davantage des êtres humains, le summum de sa création ? L’une des consignes relatives au jour du repos est de méditer à propos de ce Dieu de la création. Entrer en contact avec cette création en s’y aventurant en est une autre. Ce jour-là, il nous est rappelé que c’est lui qui l’a faite et que nous pouvons en voir la preuve. Nous pouvons avoir une réflexion profonde sur ce qu’il a fait, et comment il a fait : avec soin et considération, beauté et équilibre, amour et sollicitude. Ainsi, nous progressons dans notre appréciation et notre amour de Dieu chaque jour de la semaine.
Dans ses textes, William Powers a abordé le changement brutal que les mutations technologiques provoquent dans la vie moderne. L’un des impacts significatifs, selon lui, est la perte d’une composante importante du monde humain : « Nous sommes en train de perdre quelque chose de précieux, une façon de penser et de nous déplacer à travers le temps, que peut résumer le mot “profondeur”. Profondeur de la réflexion et des sentiments, profondeur accordée à nos relations, à notre travail et à tout ce que nous faisons. Comme la profondeur donne à la vie son sens et sa complétude, il est étonnant que nous permettions qu’elle disparaisse » (Hamlet’s Blackberry).
« L’idée de simplement s’arrêter n’a rien de nouveau ni de simple. Dans la tradition biblique, c’est l’une des idées les plus anciennes. »
Il n’est pas étonnant qu’en formulant ses dix lois de vie pour les esclaves récemment délivrés, pour les enfants d’Israël, Dieu ait fixé le jour du repos dans un commandement qui les ramènerait à la profondeur et à la contemplation de Dieu en tant que Créateur et Soutien de sa création : « Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du repos et l’a sanctifié » (Exode 20 : 8‑11).
L’obéissance à ce commandement devait les maintenir en contact avec le Créateur et sa création. Elle leur apporterait une dominante spirituelle après six jours de travail physique. Elle les amènerait à se recentrer et leur donnerait la paix de l’esprit. En observant cette loi, ils allaient atteindre une compréhension plus profonde tandis qu’ils méditeraient et pratiqueraient le repos. Faire permettrait de comprendre. Il s’agissait bien sûr d’un jour spécifique : le septième jour, le samedi.
On entend dire parfois que le jour à réserver n’a pas d’importance, tant qu’on en identifie un. Après tout, les chrétiens ne préfèrent-ils pas le dimanche ? Tel est effectivement le cas pour le christianisme traditionnel, mais pas pour les premiers adeptes de Jésus ; ces disciples, dont Paul qui œuvrait et enseignait parmi de nombreux non-juifs, gardaient le septième jour pour honorer Dieu. Il est attesté que le passage officiel de l’observance du sabbat au dimanche s’est produit trois siècles après Christ, sous le règne de l’empereur Constantin.
Le fait est que la Bible ne contient aucun élément pour corroborer l’idée que l’Église primitive du Nouveau Testament ait observé un autre jour que le sabbat hebdomadaire du septième jour. C’est pourquoi, si vous voulez vous connecter au Dieu de la création en le faisant le jour qu’il a réservé pour l’humanité, ce que Constantin a fixé par décret ne peut remplacer ce que le Créateur a ordonné : le sabbat se place le septième jour de la semaine, non le premier.
« Un jour de repos total et de paix absolue, un jour à part, le sabbat offre un temps de répit intense et nécessaire aux êtres humains et à toute la création [...]. La semaine de travail encourage une attitude active dans le monde, mais le sabbat est réservé pour “être” simplement et célébrer la joie de la création. »
Le désir de profondeur dans la vie, le désir de sens, de relations mutuellement enrichissantes émane en partie du simple fait d’exister dans une société superficielle et égocentrique où règnent le divertissement et l’agitation.
Pourquoi ne pas relever le défi et commencer à se reposer le jour fait pour l’humanité par un Dieu aimant ? Repos, relaxation, reconnexion.