Paul était-il chrétien ?
Ce qu'en disent d'autres érudits . . .
« Si vous ne disposez d’aucun mot pour désigner quelque chose, si aucun vocabulaire ne permet de la décrire, alors la chose n’existe sans doute pas. Et tant que vous n’avez pas de désignation, d’ensemble terminologique ou de vocabulaire pour quelque chose, vous ne pouvez pas en parler comme d’une chose qui existe. C’est notamment pourquoi tant d’intellectuels ont affirmé que puisque nous ne rencontrons pas le mot chrétien avant le début du deuxième siècle, nous n’avons sans doute rien qui s’appelle le « christianisme » avant le début du deuxième siècle. »
John Gager
Professeur, Département des Religions,
université de Princetown
« Si votre définition d’un chrétien est quelqu’un qui vit dans le prolongement du credo de Nicée et de la formule chalcédonienne, ou de débats plus tardifs sur les doctrines de la réforme ou sur l’inspiration et l’autorité des Écritures, alors la vérité fondamentale est qu’il n’y en avait aucun au premier siècle. Par ailleurs, ce n’est pas ainsi que le Nouveau Testament définirait un véritable adepte de Christ. »
Ben Witherington III
Professeur de Nouveau Testament,
séminaire théologique d’Asbury
« Nous voyons Paul comme un chrétien, du haut des vingt siècles d’évolution du christianisme. Pourtant, si nous nous intéressons, en tant qu’historiens, à la façon dont Paul se considérait, il est clair d’après ses lettres qu’il divise globalement le monde en deux groupes : Israël, et tous les autres (aussi appelés "les nations"). À l’intérieur de ces deux groupes, il y a presque un nouveau sédiment, qui est la communauté en Christ. Toutefois, sur le plan des peuples, il s’agit de juifs et de gentils. Et sur le plan de ce que Paul comprend de « être en Christ », l’intention de ses gentils à cet égard est de pouvoir, à travers Christ, vénérer le Dieu d’Israël. Compte tenu de tout cela, je pense que Paul se voyait comme un juif. »
Paula Fredriksen
Professeur de Compréhension des Écritures,
université de Boston
« Si quelqu’un peut être désigné comme chrétien, c’est bien Paul, pourrait-on penser avant de prendre un peu de recul. Il prêche le Dieu hébreu, Yahvé ou Jehovah. Il raconte aux gentils la Bible hébraïque. Il s’attend à ce qu’ils soient particulièrement judaïsés. Il leur inculque une forme de moralité très juive, ainsi qu’une vision juive du temps et de l’eschatologie. Alors, si on cumule tout cela, à quoi allaient-ils appartenir ? Comment les appeler ? Il m’apparaît clairement que le mouvement, dans son premier siècle, devrait être considéré comme intégré au judaïsme.
James Tabor
Titulaire d’une chaire, Département d’Études religieuses,
Charlotte, Université de Caroline du Nord