La maîtrise de soi vue par les Écritures
La Bible accorde une attention répétée à la notion de maîtrise de soi. L’apôtre Paul en a même parlé quand il a expliqué sa foi en Jésus-Christ lors de sa comparution devant Félix, le gouverneur romain : « Mais, comme Paul discourait sur la justice, sur la tempérance, et sur le jugement à venir, Félix, effrayé, dit : Pour le moment retire-toi ; quand j’en trouverai l’occasion, je te rappellerai. » (Actes 24 : 25, Nouvelle Édition de Genève 1979 sauf indication contraire dans cet article). L’un des trois éléments qui fondaient la conviction de Paul était la tempérance. Le terme grec utilisé dans ce verset signifie « autodiscipliné », « mesuré », « modéré ».
Dans le Nouveau Testament, un autre mot grec pour « maîtrise de soi » a le sens profond de sobre, modéré ou discret. La lettre de Paul à Tite en compte un exemple, traduit ici en français par « sagesse » : « Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété » (Tite 2 : 11‑12).
Un seul verset de l’Ancien Testament fait allusion à la maîtrise de soi : « Comme une ville forcée et sans murailles, ainsi est l’homme qui n’est pas maître de lui-même » (Proverbes 25 : 28). Le terme hébreu part de l’idée de silence, retenue ou contrôle. Un homme qui ne peut se contrôler, se discipliner ou se maîtriser est particulièrement vulnérable, telle une ville dont les murs d’enceinte ont été démolis.
Les versions françaises des Écritures hébraïques recourent à différents synonymes pour la notion de contrôle de soi, notamment « instruction » ou « discipline ». Par exemple, dans la Nouvelle Édition de Genève, Proverbes 1 : 1‑3 se lit ainsi : « Proverbes de Salomon, fils de David, roi d’Israël, pour connaître la sagesse et l’instruction, pour comprendre les paroles de l’intelligence ; pour recevoir des leçons de bon sens, de justice, d’équité et de droiture ». On trouve aussi Proverbes 5 : 22‑23 dans la Bible de Jérusalem : « Le méchant est pris dans ses propres méfaits, dans les liens de son péché il est capturé. Il mourra faute de discipline, par l’excès de sa folie il s'égarera. »
D’autres écritures parlent d’individus qui font preuve d’autodiscipline ou de maîtrise de soi lorsqu’ils sont confrontés à la tentation. Comme Paul, ils estimaient que cette qualité faisait partie de leur foi.
À Joseph, dont l’histoire est relatée dans la Genèse, il a fallu beaucoup d’autodiscipline pour endurer tout ce qui lui est arrivé. Cependant, il avait cette capacité, comme nous le constatons dans Genèse 39 : « Or, Joseph était beau de taille et beau de figure. Après ces choses, il arriva que la femme de son maître porta les yeux sur Joseph, et dit : Couche avec moi ! Il refusa, et dit à la femme de son maître : Voici, mon maître ne prend avec moi connaissance de rien dans la maison, et il a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient. Il n’est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m’a rien interdit, excepté toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu ? Quoiqu’elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès d’elle, d’être avec elle. Un jour qu’il était entré dans la maison pour faire son ouvrage, et qu’il n’y avait là aucun des gens de la maison, elle le saisit par son vêtement, en disant : Couche avec moi ! Il lui laissa son vêtement dans la main, et s’enfuit au dehors » (Genèse 39 : 6b‑12). Ce genre d’autodiscipline lui a été d’une grande utilité au cours des années suivantes.
On trouve ensuite le cas de David. Par deux fois, il s’est trouvé en position de prendre la vie du roi Saül, sachant qu’il était destiné à le remplacer en tant que souverain. Le récit du second exemple est rapporté dans 1 Samuel 26 : 6‑12 : « David prit la parole, et s’adressant à Achimélec, Héthien, et à Abischaï, fils de Tseruja et frère de Joab, il dit : Qui veut descendre avec moi dans le camp vers Saül ? Et Abischaï répondit : Moi, je descendrai avec toi. David et Abischaï allèrent de nuit vers le peuple. Et voici, Saül était couché et dormait au milieu du camp, et sa lance était fixée en terre à son chevet. […] Abischaï dit à David : Dieu livre aujourd’hui ton ennemi entre tes mains ; laisse-moi, je te prie, le frapper de ma lance et le clouer à terre d’un seul coup, pour que je n’aie pas à y revenir. Mais David dit à Abischaï : Ne le détruis pas ! car qui pourrait impunément porter la main sur l’oint de l’Éternel ? Et David dit : L’Éternel est vivant ! c’est à l’Éternel seul à le frapper, soit que son jour vienne et qu’il meure, soit qu’il descende sur un champ de bataille et qu’il y périsse. Loin de moi, par l’Éternel ! de porter la main sur l’oint de l’Éternel ! Prends seulement la lance qui est à son chevet, avec la cruche d’eau, et allons-nous-en. »
Joseph et David, l’un comme l’autre, étaient motivés par des principes spirituels.
Bien sûr, d’autres extraits évoquent des manques de retenue ou de maîtrise. En énumérant les caractéristiques humaines à la fin des temps, Paul écrit à Timothée : « Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien » (2 Timothée 3 : 1‑3).
En revanche, il existe manifestement des gens qui présentent cet important trait de caractère, au moins au plan physique. Paul les mentionne lorsqu’il écrit à l’Église de Corinthe : « Ne savez-vous pas que, sur un stade, tous les concurrents courent pour gagner et, cependant, un seul remporte le prix ? Courez comme lui, de manière à gagner. Tous les athlètes s'imposent une discipline sévère dans tous les domaines pour recevoir une couronne, qui pourtant sera bien vite fanée, alors que nous, nous aspirons à une couronne qui ne se flétrira jamais. C'est pourquoi, si je cours, ce n'est pas à l'aveuglette, et si je m'exerce à la boxe, ce n'est pas en donnant des coups en l'air. Je traite durement mon corps, je le maîtrise sévèrement, de peur qu'après avoir proclamé la Bonne Nouvelle aux autres, je ne me trouve moi-même disqualifié (1 Corinthiens 9 : 24‑27, Bible du Semeur ; c’est nous qui soulignons).
Lorsqu’il s’agit d’enseigner aux enfants comment assumer leurs pensées, leurs émotions et leurs actes, les parents sont confrontés au même défi : ils doivent mettre en pratique ce qu’ils professent.
Apprendre à se dominer est l’un des aspects les plus difficiles de l’existence humaine, mais c’est aussi un aspect essentiel pour vivre une vie épanouie.