Une maison divisée

David vieillit tandis que les machinations et luttes intestines entre ses descendants continuent. À sa mort, son fils Salomon monte sur le trône de l’Israël antique. Son règne est paisible, mais lui aussi succombe à ses faiblesses… avec de graves conséquences.

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(PARTIE 18)

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Les deux rois d’Israël les plus célèbres étaient père et fils. Chacun a régné quarante années, l’un en guerrier, l’autre en homme de paix. De Dieu, chacun a reçu à la fois faveurs et réprimandes, l’un ayant été capable de changements personnels positifs, l’autre ayant provoqué volontairement à sa propre destruction.

Les relations de David avec plusieurs de ses fils ont été tour à tour tumultueuses et agréables, désespérantes et confiantes.

Repli de David

Au moment de son insurrection contre son père, Absalom avait déjà tué Amnon, son frère aîné et l’héritier présomptif de David mais, après un certain temps, il avait de nouveau été accueilli dans l’entourage du roi. Son ambition de souveraineté cibla alors David lui-même. Fort du soutien grandissant à sa rébellion, il entra dans Jérusalem et le roi décida de s’enfuir avec une petite suite, jusqu’au mont des Oliviers dans le désert de Judée (2 Samuel 15 : 12‑14, 23b, 30). En chemin, David ordonna au sacrificateur Tsadok et à ses fils de retourner dans la cité avec l’arche de l’Alliance, et de le tenir informé de la situation à Jérusalem.

Pendant la suite du voyage de David, quelqu’un lui annonça que son conseiller Achitophel (le grand-père de Bethsabée) avait rejoint la conspiration d’Absalom.

« Absalom présentait une parfaite acuité politique et sociale dans ses rapports avec les citoyens d’Israël. »

Robert D. Bergen, The New American Commentary, Volume 7 : 1, 2 Samuel

Le souverain décida d’envoyer l’un de ses hommes, Huschaï, proposer ses services à Absalom pour qu’il contre subrepticement les conseils d’Achitophel et transmette des renseignements par l’intermédiaire de Tsadok (versets 32-36).

Le voyage de David depuis Jérusalem n’a pas été sans autre incident. En chemin, il a été à la fois alerté et insulté : il apprit de l’un des serviteurs du petit-fils de Saül, Mephiboscheth, que ce dernier avait rallié Absalom dans l’espoir que le royaume d’Israël reviendrait à la maison de Saül. David récompensa le serviteur en conséquence (16 : 1‑4). Néanmoins, apprendre une telle ingratitude n’était guère réconfortant. David n’avait-il pas fait de son mieux pour honorer Saül et sa maison malgré l’acrimonie existante ? Aggravant sa peine, un autre homme de la maison de Saül, Schimeï, arriva. Il jeta des pierres et cria des insultes, accusant David de s’être montré sanguinaire avec Saül et sa famille. Le neveu de David, Abischaï, proposa d’exécuter l’homme sur place, mais le roi répondit de le laisser maudire : Dieu avait peut-être envoyé l’homme pour humilier le souverain (versets 5–13).

Échec d’Absalom

Est alors venu le moment pour Huschaï de contrecarrer les conseils d’Achitophel qu’Absalom avait consulté sur la façon d’agir. Achitophel suggérait de poursuivre David, en profitant de sa position affaiblie pour le tuer puis amener ses partisans à rejoindre le nouveau régime d’Absalom. Ayant interrogé Huschaï sur ce qu’il pensait de son plan, Absalom entendit un avis contraire : l’agent de David lui dit d’appeler tout Israël à s’unir contre David et ses hommes, puisque ce serait un moyen d’assurer son succès contre les terribles guerriers de David (17 : 1–13). Absalom aima l’idée, mais l’effet sur Achitophel fut catastrophique. Celui-ci retourna chez lui, humilié au point qu’il se tua : « Or l’Éternel avait résolu d’anéantir le bon conseil d’Achitophel, afin d’amener le malheur sur Absalom. » Entre-temps Huschaï, par l’intermédiaire de Tsadok et d’Abiathar, avertit David de ce qui l’attendait, afin qu’il puisse traverser le Jourdain (versets 14–23).

Lancé à la poursuite de David, Absalom traversa aussi le fleuve et finit par combattre dans la forêt d’Éphraïm. Là, sa longue chevelure se prit dans les branches d’un arbre. Joab et ses hommes se chargèrent de le tuer et de l’ensevelir le même jour. Or, le roi avait ordonné d’épargner son fils et ils devaient à présent expliquer cette issue très différente. Le deuil de David pour Absalom fut immense, au point de paraître disproportionné aux yeux de certains. Ces derniers avaient l’impression que leur victoire sur la rébellion n’était pas appréciée à sa juste valeur (18 : 5–19 : 8).

« Joab entra dans la chambre où était le roi, et dit : Tu couvres aujourd’hui de confusion la face de tous tes serviteurs, qui ont aujourd’hui sauvé ta vie [...]. Tu aimes ceux qui te haïssent et tu hais ceux qui t’aiment. »

2 Samuel 19 : 5–6

Des hommes des tribus du Nord présentaient un problème spécifique. Ils voulaient être traités avec déférence en raison de leur soutien et devinrent hostiles à Juda (19 : 40–43). Peu après, Joab entreprit d’aller vaincre un autre groupe d’adversaires israélites du Nord menés par Schéba, un benjamite de la tribu de Saül. Le Sud continuant de soutenir le roi, Joab ramena la paix après l’exécution de Schéba par son propre peuple (20 : 1‑22). En marge du récit principal, nous apprenons que David revint à Jérusalem et, surtout, qu’il enferma ses dix concubines, tout en assurant leurs besoins, ce qui marqua un changement qui devait durer jusqu’à la fin de sa vie (verset 3).

Schéma des conclusions

Les derniers chapitres du deuxième livre de Samuel constituent une sorte d’épilogue au règne de David. Ils ne suivent apparemment pas l’ordre chronologique, mais composent plutôt un schéma : un problème national résolu par David (Ch. 21), une énumération (Ch. 22), un poème (Ch. 22), un poème (Ch. 23), une énumération (Ch. 23), un problème national résolu par David (Ch. 24).

La première crise concerne trois années de famine. David en demanda la raison à Dieu et apprit qu’elle était liée au fait que Saül avait tué des Héviens qui vivaient à Gabaon, en territoire benjamite, en vertu d’une entente antérieure (voir Josué 9 : 15). La rupture, par Saül, de ce pacte avec les non-Israélites était à l’origine de la disette dans le pays. Pour résoudre le problème, David approcha les Gabaonites pour leur demander ce qu’il pourrait faire pour les dédommager. Ils dirent ne vouloir ni argent ni poursuites d’Israël contre quelqu’un, puisqu’ils ne revendiquaient rien. Par cette manière d’aborder le sujet, ils s’attendaient peut-être à ce que David propose de leur remettre des membres de la maison de Saül. Ils réclamèrent alors simplement que sept descendants de l’ancien roi leur soient livrés pour être exécutés. David accepta, épargnant néanmoins Mephiboscheth, petit-fils de Saül et fils de Jonathan (à qui il avait promis protection pour sa descendance).

Pendant les mois d’été, la mère de deux des condamnés était restée pour veiller sur les corps, leur enterrement ayant manifestement été refusé par les Gabaonites. Quand il l’apprit, David voulut mettre un terme à la situation. Il récupéra alors les dépouilles de Saül et de Jonathan, ainsi que les sept derniers cadavres, et les fit ensevelir dans leur terre familiale. C’est ainsi que la famine s’acheva (2 Samuel 21 : 1–14).

David prenant de l’âge, il ne pouvait plus combattre sur le champ de bataille. Dans ses dernières années, une attaque des Philistins l’avait placé sous la menace des géants de Gath d’où venait Goliath, que David avait tué dans sa jeunesse. Constatant son affaiblissement, ses hommes lui conseillèrent de rester à Jérusalem et de préserver sa vie et son règne : « Tu ne sortiras plus avec nous pour combattre, et tu n’éteindras pas la lampe d’Israël. » C’est dans ce contexte, nous dit-on, que des victoires furent remportées contre d’autres géants philistins, dont au moins l’un d’eux est identifié comme un frère de Goliath (versets 15–22 ; 1 Chroniques 20 : 5).

Selon le schéma des derniers chapitres, dans deux compositions poétiques (Ch. 22 et 23 : 1–7), nous lisons la reconnaissance de David envers Dieu pour s’être impliqué dans sa vie, et ce qui serait ses dernières paroles. La seconde composition a peut-être été sa dernière expression poétique car il n’allait plus parler, excepté juste avant sa mort (rapportée au début du livre suivant, 1 Rois). La qualité psalmique perceptible dans le chapitre 22 vient du fait qu’il reprend le psaume 18 avec quelques variantes. Cette répétition soulève des questions : quand les différentes sections du livre des Psaumes ont-elles été rédigées, et par qui ? Le second poème ne suit pas la forme d’un psaume mais il est certain qu’il est archaïque, donc compatible avec une composition davidique.

Psaumes : auteurs et finalité

Le livre des Psaumes est très long et rassemble 150 chants en tout. Il est constitué de cantiques, complaintes, chants royaux, actions de grâce, louanges de fête, textes de sagesse, entre autres genres. Bien que David soit souvent associé à cet ouvrage (le « chantre agréable d’Israël », 2 Samuel 23 : 1), tous les psaumes ne sont pas davidiques. Ceux qui le sont peuvent être répartis en plusieurs collections : Psaumes 3 à 41 (sauf peut-être le 33), Psaumes 51 à 70 (sauf peut-être les 66 et 67) et Psaumes 138 à 145. On trouve également une brève compilation (108 à 110) ainsi que plusieurs compositions individuelles, soit un total d’au moins 73 textes.

Il existe d’autres recueils, dont la plupart des psaumes écrits par Asaph, un musicien lévite du règne de David (73 à 83), et ceux qui sont attribués aux « fils de Koré », également lévites et musiciens du temple (42 à 49, 84 à 89, excepté le 86).

Les cantiques des degrés ou des montées (120 à 134), regroupés d’après leur contenu et leur fonction, étaient sans doute chantés les jours de fête. La collection du Hallel égyptien (113 à 118) se rapportait à la saison de la Pâque et les psaumes du Hallel étaient destinés à l’adoration et aux louanges en général.

Le ou les rédacteurs du livre des Psaumes l’ont organisé sous la forme connue aujourd’hui : Livre I : Ps 1 à 41 ; Livre II : Ps 42 à 72 ; Livre III : Ps 73 à 89 ; Livre IV : Ps 90 à 106 ; Livre V : Ps 107 à 150. De nombreux psaumes nomment une personne dans leurs titres. David est mentionné le plus souvent, mais aussi Salomon (2), Moïse (1), Asaph (12), Éthan (1), les fils de Koré (11, y compris celui qui est attribué nommément à Héman). Environ cinquante sont anonymes.

Dans le Nouveau Testament, le livre des Psaumes est celui qui est le plus souvent cité. Jésus et l’apôtre Pierre se sont référés spécifiquement à un psaume écrit par David. Jésus a cité le psaume 110, verset 1 : « David lui-même, animé par l’Esprit Saint, a dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied » (Marc 12 : 36). Et en s’adressant à la foule le jour de Pentecôte (Actes 2 : 34-35), Pierre a indiqué que David avait prononcé ces mêmes paroles.

Vient ensuite une autre énumération, cette fois des guerriers de David et de certains de leurs exploits (23 : 8‑39).

Le dernier élément du schéma met en avant l’implication du roi dans une autre crise nationale, en l’occurrence un problème de recensement d’Israël et de Juda (Chapitre 24). Le récit de ce dénombrement suscite certaines interrogations. Le deuxième livre de Samuel rapporte que Dieu, irrité par Israël, demanda à David de recenser le peuple. La raison reste confuse même si le texte suggère que le roi y a vu un moyen de confirmer ses propres forces en nombre d’« hommes de guerre tirant l’épée » (verset 9). En tout cas, l’opération provoqua une crise que David fut obligé de résoudre, mais seulement en admettant son erreur : sachant qu’il n’aurait pas dû effectuer ce dénombrement dans l’intention de compter sur lui seul en cas de conflit, au lieu de se fier à Dieu, il fut pris de culpabilité.

« La pureté de la foi de David supposait une élégance d’une qualité souvent passée inaperçue à l’époque moderne. »

Samuel L. Terrien, The Elusive Presence : Toward a New Biblical Theology, 1978

 

Dieu lui donna alors le choix entre trois sortes de châtiment. Aucune n’était sans conséquences graves pour la population : une famine de sept années, trois mois à fuir ses ennemis, ou trois jours d’une épidémie nationale de peste. Préférant la punition la plus courte et étant persuadé qu’il valait mieux s’en remettre à Dieu plutôt que souffrir entre les mains des hommes, il opta pour la peste. Alors que le pays comptait 70 000 morts et que Jérusalem était visée, Dieu mit fin à la malédiction et épargna la ville.

Le deuxième livre de Samuel se termine de façon inattendue. À l’endroit où le châtiment s’était arrêté, David négocia l’achat d’une aire de battage qui appartenait à Aravna le Jébusien. La parcelle allait devenir une partie de la zone sur laquelle Salomon construirait le temple. Le dernier acte de David relaté dans ce livre introduit ainsi le suivant, le premier livre des Rois.

Derniers jours de David

À l’approche de sa mort, David fut assisté par une jeune femme nommée Abischag. Elle prit soin de lui tandis qu’il faiblissait, mais il est clairement indiqué qu’il n’eut aucune relation sexuelle avec elle (1 Rois 1 : 1–4).

C’est à cette époque que son fils Adonija s’intronisa roi lors d’une cérémonie à laquelle il invita plusieurs chefs d’Israël, sans convier d’autres personnes telles que son frère Salomon, Bath-Schéba, Tsadok, le prophète Nathan ou le guerrier Benaja. Nathan conseilla à Bath-Schéba d’aller voir David pour s’assurer qu’il n’avait pas donné son autorisation à Adonija. Bath-Schéba et Nathan informèrent le roi de l’événement et obtinrent confirmation que David n’avait pas changé d’avis quant à son choix de Salomon pour lui succéder. Alors, sur son ordre, Nathan et Tsadok oignirent Salomon en tant que roi d’Israël et de Juda à la grande joie du peuple (versets 5–40). Ces réjouissances interrompirent le banquet de fête d’Adonija. Entendant ce qui s’était passé, le prétendu roi craignit pour sa vie. Demandant pitié, il fut amené devant Salomon, qui décida de lui laisser le temps de prouver sa loyauté. Sentant la mort approcher, David fit appeler Salomon pour l’instruire de la manière de traiter certains hommes. À propos de son neveu et chef militaire Joab, qui avait tué Abner et Amasa (commandants d’Israël), le roi lui dit : « Il a versé pendant la paix le sang de la guerre, [...] tu ne laisseras pas ses cheveux blancs descendre en paix dans le séjour des morts. » (2 : 5–6). De même, le roi expliqua que Schimeï, qui l’avait maudit et avait ensuite exprimé sa peine, devait à présent payer de sa vie sa déloyauté (versets 8‑9). Par contre, Salomon devait récompenser les fils de Barzillaï qui, par amitié, avaient soutenu David pendant la rébellion d’Absalom (verset 7).

« Cette extraordinaire description d’une vie humaine qui se trouve elle-même au fur et à mesure que le temps passe, depuis le jeune homme agile, hardi et charismatique, montre à présent David au comble d’une vieillesse impotente, frissonnant sous ses couvertures. »

Robert Alter, The David Story : A Translation with Commentary of 1 and 2 Samuel

La mort de David est rapportée sous la forme d’une courte et simple nécrologie : « David se coucha avec ses pères, et il fut enterré dans la ville de David. Le temps que David régna sur Israël fut de quarante ans ; à Hébron il régna sept ans, et à Jérusalem il régna trente-trois ans » (versets 10–11).

Dans les jours qui suivirent la mort du roi, Adonija pensa pouvoir s’élever au-dessus de Salomon en prenant pour épouse Abischag. Sans donner ses raisons, il demanda à Bath-Schéba l’accord de son fils. Cependant, Salomon comprit que son frère restait mécontent d’avoir perdu le trône et il donna des instructions pour que Benaja l’exécute. De même, Salomon démit Abiathar de son sacerdoce et exigea l’exécution de Joab. Les deux hommes avaient soutenu l’appropriation du trône par Adonija. Joab, qui s’était réfugié dans le tabernacle et implorait pitié, refusait de quitter le sanctuaire. Il fut donc frappé sur ordre de Salomon, conformément aux dernières volontés de David. Dès lors, Tsadok remplaça Abiathar, et Benaja prit la tête de l’armée (versets 13–35).

Le traitement de Schimeï prit une autre tournure. L’homme était tenu de vivre à Jérusalem en vertu d’un arrangement par lequel, s’il quittait sa maison, il était tué. Par malheur, trois ans plus tard, il partit à la poursuite de deux esclaves en fuite et fut donc exécuté : « Et le roi dit à Schimeï : Tu sais au-dedans de ton cœur tout le mal que tu as fait à David, mon père ; l’Éternel fait retomber ta méchanceté sur ta tête » (verset 44).

Requête de Salomon

Au début de son règne, Salomon chercha à nouer des alliances politiques par des mariages. Il prit pour épouse la fille du pharaon d’Égypte, en habitant avec elle dans la ville de David jusqu’à ce qu’il ait fait construire sa propre maison.

Avant que le temple soit achevé, il alla à Gabaon offrir un sacrifice à Dieu et, pendant la nuit, il eut une vision dans laquelle Dieu l’invita à demander un don spécial. Le roi répondit : « Accorde donc à ton serviteur un cœur intelligent pour juger ton peuple, pour discerner le bien et le mal ! Car qui pourrait juger ton peuple, ce peuple si nombreux ? » (3 : 9). Comme sa requête n’était pas égoïste et concernait le bien de ses sujets, Dieu lui donna « un cœur sage et intelligent, de telle sorte qu’il n’y aura eu personne avant toi et qu’on ne verra jamais personne de semblable à toi » (verset 12).

Cette sagesse a été rapidement éprouvée quand deux prostituées sont venues contester l’appartenance d’un bébé. Toutes deux avaient donné naissance à un garçon à quelques jours d’intervalle, mais l’un d’eux était mort, sa mère s’étant couchée sur lui. Dans son chagrin, celle-ci avait volé l’enfant vivant en le remplaçant par son fils mort. Cependant, la première mère s’était rendu compte qu’il n’était pas son fils, et toutes deux se disputaient l’enfant devant le roi. Salomon ordonna que l’enfant vivant soit coupé en deux et que chaque femme en reçoive une moitié. La vraie mère protesta alors, demandant que l’enfant ne soit pas tué et qu’il soit donné à l’autre femme. La mère de l’enfant mort, en revanche, accepta le partage. En conséquence, Salomon sut qui était qui, et remit l’enfant à la mère de droit : « Tout Israël apprit le jugement que le roi avait prononcé. Et l’on craignit le roi, car on vit que la sagesse de Dieu était en lui pour le diriger dans ses jugements » (versets 16–28).

Un dirigeant sage et pacifique

Le récit du premier livre des Rois décrit ensuite l’administration de Salomon. Le souverain régnait à travers une organisation composée de sacrificateurs, de ministres du gouvernement, de secrétaires et d’un archiviste, l’ensemble lui permettant de superviser sa maison, l’armée et la main-d’œuvre (4 : 1–6). Il nomma également sur Israël douze gouverneurs territoriaux qui, chaque mois à tour de rôle, pourvoyaient à l’entretien de la maison royale. Son royaume s’étendait « depuis le fleuve [Euphrate] jusqu’au pays des Philistins et jusqu’à la frontière d’Égypte » (verset 21). Il apporta la paix et une formidable prospérité à Israël et à Juda pendant ses quarante années de règne.

Le Royaume de David et de Salomon

Adapté de Holman Bible Atlas, Thomas V. Brisco (dir.), Nashville (Tennessee), Broadman & Holman Publishers, 1998.

Les relations commerciales internationales et les taxes douanières ont enrichi le royaume de Salomon : « Le poids de l’or qui arrivait à Salomon chaque année était de six cent soixante-six talents d’or, outre ce qu’il retirait des négociants et du trafic des marchands, de tous les rois d’Arabie, et des gouverneurs du pays » (10 : 14–15). Salomon a fait le commerce de chevaux et de chars et construit des villes fortifiées avec de vastes écuries (4 : 26 ; 9 : 17–19 ; 10 : 26, 28–29). Le port d’attache de ses navires était Etsjon-Guéber, sur la mer Rouge (9 : 26). De là, sa marine marchande, avec le renfort de marins sidoniens, voyageait au loin et ramenait tous les trois ans « de l’or et de l’argent, de l’ivoire, des singes et des paons » (10 : 22).

Le roi devint réputé pour sa sagesse dans tout le Moyen-Orient et attira l’intérêt de plusieurs dirigeants : « Il venait des gens de tous les peuples pour entendre la sagesse de Salomon, de la part de tous les rois de la terre qui avaient entendu parler de sa sagesse » (4 : 34). Parmi ces visiteurs, il y eut la reine de Séba. Elle avait entendu parler de la renommée de Salomon et de son lien avec son Dieu, Yahvé. C’est pourquoi « elle vint pour l’éprouver par des énigmes » (10 : 1), mais ne tarda pas à être convaincue de la réputation méritée du roi : « La reine de Séba vit toute la sagesse de Salomon, et la maison qu’il avait bâtie, et les mets de sa table, et la demeure de ses serviteurs, et les fonctions et les vêtements de ceux qui le servaient, et ses échansons, et ses holocaustes qu’il offrait dans la maison de l’Éternel ; elle en eut le souffle coupé » (versets 4–5). Sa conclusion fut à la gloire de Dieu : « Béni soit l’Éternel, ton Dieu, qui t’a accordé la faveur de te placer sur le trône d’Israël ! C’est parce que l’Éternel aime à toujours Israël, qu’il t’a établi roi pour que tu fasses droit et justice » (verset 9).

Les livres bibliques des Proverbes, de l’Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques lui sont attribués et prouvent qu’il s’intéressait au recueil et à la transmission de paroles de sagesse, aux chants ou aux connaissances générales : « Il a prononcé trois mille sentences [proverbes], et composé mille cinq cantiques » (1 Rois 4 : 32).

Construction du temple

Ce qui avait été interdit à David, Salomon pouvait à présent l’accomplir en construisant un temple pour Dieu. Grâce à l’énorme fortune dont il disposait, dans la quatrième année de son règne, soit quatre cent quatre-vingts ans après l’exode hors d’Égypte (6 : 1), il entreprit cette tâche avec l’aide de Hiram, le roi de Tyr. Ses ouvriers sidoniens étaient très habiles à découper et tailler le bois de cèdre et de cyprès (5 : 1–12). Quant à Salomon, il contribua par sa propre main-d’œuvre, forte de 30 000 hommes pris parmi ses sujets israélites et non israélites. Un tiers d’entre eux était envoyé en alternance pendant un mois au Liban, sur des chantiers de bois et de pierre. En outre, il avait 70 000 porteurs et 80 000 ouvriers pour extraire la pierre destinée aux fondations du temple (versets 13–17). L’intérieur de l’édifice fut revêtu de cèdre, les panneaux étant en grande partie recouverts d’or. Des piliers d’airain, des portes en olivier, des sculptures de bois élaborées, ainsi que des ouvrages coulés en bronze et en or, ajoutaient à la magnificence générale (6 : 14–35 ; 7 : 15). Sept ans après, la construction était achevée.

Le programme de construction de Salomon était considérable et ne s’arrêta pas au temple. Il comprenait une demeure pour lui-même, une autre pour son épouse égyptienne, une salle avec un trône d’ivoire et d’or où il prononçait ses jugements, et un trésor appelé la maison de la forêt du Liban (7 : 1–8 ; 10 : 18). Lors de la cérémonie de dédicace du temple, Salomon saisit l’opportunité de glorifier et remercier Dieu pour tous ses bienfaits, priant pour qu’il continue de favoriser Israël. Dans son discours, il montra une humilité qui plut à Dieu, mais elle n’allait pas durer.

Décadence de Salomon

Malgré les bénédictions de sagesse, de richesse et de paix qu’il avait reçues, Salomon succomba à sa fascination pour les femmes d’autres nationalités, en contractant des mariages mixtes et en suivant leurs dieux. « Il eut sept cents princesses pour femmes et trois cents concubines ; et ses femmes détournèrent son cœur. À l’époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes inclinèrent son cœur vers d’autres dieux ; et son cœur ne fut point tout entier à l’Éternel, son Dieu, comme l’avait été le cœur de David, son père » (11 : 3–4).

L’Idolâtrie de Salomon, Rembrandt Harmenszoon van Rijn (sanguine, vers 1636-1638). Le roi Salomon, en présence de quelques-unes de ces épouses étrangères, s’agenouille devant une statue de la déesse mère Astarté (1 Rois 11 : 4‑6).

La promesse de la continuité de la dynastie davidique sur tout Israël par la descendance de Salomon (2 Samuel 7 : 12–16 ; 1 Rois 6 : 11–13 ; 1 Chroniques 22 : 10) était sur le point d’être rompue. Après sa mort, le royaume allait être divisé entre les tribus du Nord et Juda. Le fils de Salomon ne dominerait que Juda, et son serviteur Jéroboam allait régner dans le Nord, sur la population d’Israël composée de dix tribus (1 Rois 11 : 9–13).

Malgré tout ce qu’il a accompli, la mort de Salomon est rapportée avec sobriété : « Salomon régna quarante ans à Jérusalem sur tout Israël. Puis Salomon se coucha avec ses pères, et il fut enterré dans la ville de David, son père. Roboam, son fils, régna à sa place » (versets 42–43).

Nous commencerons la partie 20 de La Loi, les Prophètes et les Écrits avec la division du royaume sur lequel avaient régné Saül, David et Salomon.

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(PARTIE 20)