Une fascination moderne
Les représentations du Christ prennent une forme moderne au cinéma et à la télévision. Le débat sur la vraie allure physique du Christ a fait rage lorsque Mel Gibson a donné sa propre version de l’histoire de la crucifixion dans son film La passion du Christ, de 2004. Les cheveux bruns et le teint basané de Jim Caviezel étaient-ils meilleurs que les yeux bleus de Jeffrey Hunter, le « Jésus de Malibu » du film Le Roi des Rois, de 1961 ? Ou est-ce que l’interprétation erronée et à connotations sexuelles de Willem Dafoe dans La dernière tentation du Christ, le film controversé et scandaleux de Martin Scorcese, est plus exacte ?
Le choix du modèle pour représenter Christ est autant un problème de nos jours qu’au quatrième siècle ou à l’époque de Michel-Ange. À l’époque, les dieux païens et les images classiques étaient les modèles. De nos jours, les artistes et les auteurs recouvrent les traditions de préjugés contemporains et de préférences de style de vie – surtout si, semble-t-il, le Christ peut être dépeint comme ayant des faiblesses humaines. N’avons-nous pas créé une situation ironique ? Le moyen d’expression artistique qui, soi-disant, est apparu pour faire ressortir les caractéristiques divines du Christ semble s’être empêtrée dans des distorsions dès son commencement, se dirigeant maintenant vers l’humain. Le Christ est présenté à l’image des artistes et non l’inverse.
Beaucoup de personnes ont réfléchi à l’allure qu’un Juif typique pouvait avoir à l’époque de Jésus. Les recherches et technologies modernes ont essayé de fournir une réponse. En 2001, la série télévisée de la BBC, Son of God (Fils de Dieu) a utilisé un logiciel pour générer un portrait ressemblant à partir d’un crâne trouvé à Jérusalem et sélectionné par des experts israéliens comme étant un crâne représentatif des gens qui habitaient dans cette région à l’époque du Christ. Le résultat, peint ensuite par l’artiste Donato Giancola, était un visage rustre et large, barbu, avec un nez imposant et des cheveux courts, bouclés et bruns. De son côté, le New York Times (21 février 2004) estimait qu’un homme moyen de cette époque mesurait 1,61 mètre, et vu que Jésus avait une vie quelque peu austère et qu’il se déplaçait énormément à pied, il ne devait pas peser plus que 50 kilos – « un paysan plutôt musclé, aussi dur qu’une racine, et tout aussi attirant. »
Peut-être que tout ceci n’est pas très loin de la vérité. Prophétisant sur l’allure physique du Messie, le prophétie Ésaïe écrivit ceci : « Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et son aspect n’avait rien pour nous plaire » (Ésaïe 53 : 2).
Le message que donne ensuite Ésaïe sur la souffrance du Christ pour l’humanité semble blâmer la fascination qu’a l’homme pour l’image du Christ : paradoxalement, ce n’est pas le Christ qui a caché son visage devant nous, c’est nous qui avons caché notre visage devant lui, puisque nous nous sommes tournés vers notre style de vie au lieu de nous tourner vers la voie de celui qui est mort pour nous (Ésaïe 53 : 3-6).